Synopsis
Marcel accompagne sa femme à l’hôpital. Elle
est malade. Elle ne sait plus qui elle est. Elle n’a plus
de nom. Elle ne reconnaît personne et elle n’est pas
capable de saisir la frontière entre la réalité
et l’hallucination, ni le glissement du temps présent
vers celui du souvenir. Il semble que tout reste confus dans sa
tête. Tout est mélangé : la vie de famille,
le monde du travail, la rue, la machine, la télévision,
les amis, le patron, le vestiaire, le bruit, les odeurs, la cantine,
son chef, sa cuisine, son mari, ses enfants, les souvenirs, les
rêves et les projets, ce ne sont que des bribes d’existence
qui la traversent mais qui ont cessé de lui appartenir.
Elle passe du plan de la réalité à celui
de la mémoire ou celui de l’hallucination sans vraiment
les identifier. Il faut probablement un grand choc émotionnel
pour provoquer un tel désordre. Marcel ne sait pas vraiment
quand elle a commencé à dériver. Il était
trop proche. Sûrement après l’annonce de la
fermeture de l’usine, mais à quel moment elle a lâché
prise, il ne peut pas le dire. C’était trop tard
quand il s’en est rendu compte. Et maintenant, ils vont
à l’hôpital.
L’argument
On n’ose plus écrire ni prononcer le mot «
solidarité » et on détourne pudiquement la
tête pour ne pas regarder en face le malheur des autres.
La fermeture programmée d’une usine fait sans doute
partie de l’aventure humaine, mais comment résonne-t-elle
lorsqu’on se trouve au coeur de l’histoire ? C’est
le souvenir du cauchemar de Rosaura, l’héroïne
de Pier Paolo Pasolini, qui s’est superposé aux multiples
récits recueillis. Une Rosaura qui se serait brusquement
retrouvée dans l’univers décalé de
Nelson Rodrigues et qui aurait perdu jusqu’à son
propre nom tellement la tragédie avec son cortège
de souffrances est violente et injuste.
Le
Groupe
La démarche du Théâtre de l’Arcane est
d’aller à la rencontre des populations et de mettre
en place des espaces de création où artistes et
habitants peuvent inventer ensemble.
La compagnie intervient depuis de nombreuses années sur
le territoire de la Vallée de l’Huveaune, non seulement
en direction des associations et des habitants de la vallée,
mais avec la collaboration des Comités d’Entreprise,
en direction du monde du travail.
« Nos actions dans le monde du travail ont été
multiples : textes d’un groupe de femmes chez Prior, photos
chez Coder, spectacle et film vidéo avec les salariés
de Procida, textes, photos et publication d’un recueil avec
les ouvriers de Péchiney. En 1989, nous avons réalisé
un film vidéo et publié un ouvrage (Triturations)
avec la participation des salariés de NHRM (Végétaline).
De 1997 à 2002, dans le cadre de la Politique de la Ville,
nous avons créé un spectacle, « Les jours
que tu as oubliés », un CD-Rom et une exposition
sur les habitants du quartier et sur les traces du passé,
deux recueils à partir d’interviews (Récits
de vies, Métiers d’hier et d’aujourd’hui).Enfin,
nous avons créé un autre spectacle sur le monde
du travail qui est au cœur des préoccupations des
habitants de ces quartiers sinistrés : « Dernières
Parades », créé au Théâtre du
Merlan. »
En mai 2004, le personnel de l'usine Nestlé de Saint-Menet
a été informé que leur usine fermerait dans
quelques mois. Après plusieurs rencontres avec les responsables
du Comité d'Établissement de l'usine et les salariés,
le Théâtre de l'Arcane a décidé d'écrire
et de réaliser un spectacle, mettant en scène le
monde du travail et les souffrances engendrées par les
fermetures d'usines.
Comédiens
: Virginie
Aimone, Valérie Colaiocco,Amélie Etevenon, Laëtitia
Gaudel, Cyrille Laurent, Gilles Le Moher.
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