Tripalium

une coproduction italo-belge
Laboratorio Amaltea (Florence)
Collectif 1984 (Bruxelles)

avec
Beatrice Cué Alvarez
Marco Borgheresi
Jacques Esnault
Samuel Osman

Mise en scène de
Patrick Duquesne

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« Tripalium » propose une réflexion sur la valeur travail et sur la fascination croissante pour le spectacle et les reality shows, autour d’une rencontre drôle, absurde et tragique entre quatre personnages qui ne parlent pas la même langue et se heurtent les uns aux autres autour d’une curieuse offre d’emploi.


Pour la promotion d’une entreprise internationale de produits cosmétiques, Jean-Yves Cuvelier est à la recherche d’une personne qui accepterait de rester derrière une vitrine, 40 heures par semaine, toute sa vie, pour offrir aux passants son visage fardé, en permanence. Slogan de la campagne : « Une vie, ça se maquille ! ».

Des centaines de chômeurs se sont rués sur cette offre d’emploi, et trois candidats ont finalement été retenus : l’Italien Mario, accidenté du travail, le Philippin Ramon, clandestin affamé, et l’Espagnole Victoria, terrorisée par la précarité. En ces temps de crise et d’incertitude, ils sont prêts à tout pour conquérir une place qui, outre un peu d’argent, pourrait les rendre célèbres. Jean-Yves Cuvelier teste la résistance des candidats retenus et prend soin personnellement de l’organisation d’épreuves qui doivent l’aider à déterminer le candidat idéal.

Contraints de vivre ensemble pendant 3 jours, Mario, Ramon et Victoria, qui ne parlent pas la même langue, bataillent furieusement pour être l’élu. Mais entre les épreuves, dans un climat forcément tendu, ils cherchent pourtant à communiquer leurs ambitions respectives, leurs expériences et surtout, leur perception du monde du travail. Tous trois survivants héroïques d’une expérience professionnelle qui les a confrontés tantôt au drame des accidents de travail, tantôt au désespoir de se retrouver sans travail, tantôt à la difficulté de mener un conflit au travail, à l’excès de travail, au harcèlement sur le lieu de travail …, ils confrontent sans concession et souvent violemment leurs vécus respectifs.

Face à leur sélectionneur, que faire primer ? Travailler à tout prix ? La concurrence ou la solidarité ? L’éthique ou le calcul égoïste ? Devenir célèbre ? Tels sont les dilemmes qui se posent à ces trois chômeurs aux aspirations multiples et contradictoires, échoués un peu par hasard sur cette plage infernale de la saison capitaliste…

Laboratorio Amaltea et Collectif 1984

Le Collectif 1984 participe depuis plusieurs années, aux côtés de l’association Laboratorio Amaltea, au développement du Théâtre Action en Italie. Pour son édition 2006, les organisateurs du festival d’été de San Casciano, auquel collabore le Laboratorio Amaltea, ont choisi pour thème « Il lavoro rende liberi… ? », ce qui se traduit facilement par « Le travail rend libre… ? ». C’est cette question en suspens (il y a un point d’interrogation et des points de suspension) que le Collectif 1984 et le Laboratorio Amaltea ont pris comme point de départ pour un spectacle international qui entend parler de la place du travail et du spectacle dans notre société.


Arguments

Fermetures d’entreprise, délocalisations, crise… un refrain bien connu qui crée des conditions de concurrence infernale sur le marché de l’emploi et force les chômeurs à accepter n’importe quel travail. L’actualité a de plus en plus un air de « On achève bien les chevaux ». La pénurie de jobs « décents et bien payés » se décline avec la difficulté de donner un sens à cette activité. « Rien ne sert d'être vivant, le temps qu'on travaille. L'événement dont chacun est en droit d'attendre la révélation du sens de sa propre vie... n'est pas au prix du travail », nous disait la Nadja de l’écrivain surréaliste André Breton.

La crise met en place une situation où l’on accepte de travailler à n’importe quel prix, mais produit simultanément des questionnements troublants sur le « sens de sa propre vie » pendant cette activité. Mais finalement, pourquoi bosser ? Juste pour du fric ? Renoncer chaque jour à 8 heures de vie humaine pour aller souffrir derrière une caisse de supermarché ou un ordinateur ? Contraints de travailler pour vivre, le travail s’est imposé comme une valeur centrale de toute la société, mais il ne nous rend pas forcément riches et heureux.

Dans notre spectacle, ce sont ces questions que se posent, avec humour et par l’absurde, trois demandeurs d’emploi qui, malgré une expérience professionnelle relativement neuve, ont pourtant déjà connu licenciements, accidents de travail, conflits, chômage…

Et tout cela dans un contexte où se développe aujourd’hui une fascination croissante pour la richesse et la célébrité, valeurs dont les télévisions et les journaux nous fournissent une représentation abondante. L’actualité médiatique centre tout autour du paraître riche, du superficiel télévisé, du représenté. Il ne faut dès lors plus grand-chose à un chômeur pour se dire que vendre sa tête pour une marque de fromage ou traîner dans les caniveaux d’une émission de télé, pourrait peut-être donner un sens à son activité. Le problème est qu’interpréter un sourire dans une pub ou un idiot dans un reality show procurent plutôt rarement la fortune espérée, et qu’en définitive, cela ne rend pas beaucoup plus heureux que la flexibilité d’un call-center ou l’anonymat du travail à la chaîne chez Caterpillar.

En définitive, que faire face à Tripalium ? Peut-être simplement d’abord, essayer de comprendre la signification de ce mot. Vous l’ignorez ? Alors, sans plus attendre, ouvrez votre dictionnaire au mot « travail » et regardez son origine étymologique. Le spectacle peut maintenant commencer…

Mardi 14 Novembre
Grenoble à l’Espace 600, 20h30
Rencontre avec l’équipe artistique à la suite du spectacle


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